Ils sont deux monuments du football français. Deux capitaines emblématiques, deux compétiteurs hors norme, deux symboles de la victoire. D’un côté, Wendie Renard, la tour de contrôle de l’Olympique Lyonnais et de l’Équipe de France, considérée comme l’une des plus grandes défenseures de tous les temps. De l’autre, Kylian Mbappé, le prodige du football mondial, star du Real Madrid et leader des Bleus.
Ils partagent la même passion, le même maillot tricolore et la même soif de titres. Pourtant, un monde, ou plutôt une galaxie, les sépare sur un point crucial : leur salaire. La comparaison de leurs revenus n’est pas une simple curiosité statistique. C’est un miroir grossissant des inégalités profondes qui structurent encore le monde du sport.
Plonger dans les chiffres, ce n’est pas seulement mesurer un écart ; c’est comprendre les mécanismes économiques, les héritages historiques et les dynamiques culturelles qui créent cette fracture. Le résultat, vous le verrez, est tout simplement édifiant.
Partie 1 : Le Choc des Chiffres, une Comparaison Brute

Pour saisir l’ampleur du fossé, il faut d’abord poser les chiffres sur la table. Des chiffres qui, même s’ils restent des estimations basées sur des sources médiatiques spécialisées, donnent une image claire de la situation en 2025.
Le Salaire de Wendie Renard : Au Sommet de son Art et de son Sport
Wendie Renard n’est pas n’importe quelle joueuse. Elle est une légende vivante de l’Olympique Lyonnais Féminin, le club le plus titré d’Europe. Avec ses multiples Ligues des Champions et ses titres de championne de France, elle a construit un palmarès inégalé.
En tant que capitaine et figure emblématique de ce club dominant, son salaire se situe dans la fourchette la plus haute du football féminin mondial. On estime sa rémunération à environ 40 000 euros bruts par mois. Cela représente un salaire annuel d’environ 480 000 euros.
Il est crucial de comprendre ce que ce chiffre signifie. Il place Wendie Renard parmi les footballeuses les mieux payées de la planète, aux côtés de stars comme Alex Morgan ou Sam Kerr. C’est le sommet de la pyramide économique du football féminin.
Le Salaire de Kylian Mbappé : Une Autre Dimension
De l’autre côté du spectre, nous avons Kylian Mbappé. Après des années au Paris Saint-Germain, son transfert au Real Madrid en 2024 l’a propulsé dans une autre dimension financière, confirmant son statut de superstar mondiale.
Son salaire est si élevé qu’il est difficile à appréhender. Les estimations les plus fiables parlent d’un salaire annuel brut (avant impôts et sans compter son énorme prime à la signature et ses droits d’image) avoisinant les 70 millions d’euros.
Pour rendre ce chiffre plus concret, décomposons-le :
- Par mois : Environ 5,8 millions d’euros.
- Par jour : Environ 192 000 euros.
- Par heure : Environ 8 000 euros.
Le Verdict Numérique : Un Rapport de 1 à 145
La comparaison est vertigineuse.
- Kylian Mbappé gagne environ 145 fois plus que Wendie Renard.
- En seulement deux jours et demi, Kylian Mbappé gagne l’équivalent du salaire annuel de Wendie Renard.
- Le salaire mensuel de Wendie Renard (40 000 €) est ce que Kylian Mbappé gagne en environ cinq heures.
Ce résultat n’est pas seulement un écart, c’est un gouffre. Il ne s’agit pas d’opposer les deux athlètes, qui sont tous deux exceptionnels dans leur domaine. Il s’agit de comprendre les raisons structurelles d’une telle disparité.
Partie 2 : Anatomie d’un Gouffre, les Raisons d’un Écart Abyssal
Comment expliquer un tel fossé ? La réponse n’est pas simple et ne peut se résumer à une question de talent. Elle réside dans des écosystèmes économiques radicalement différents, construits sur des décennies.
1. Les Droits TV : Le Nerf de la Guerre
La principale source de revenus des clubs de football modernes provient des droits de diffusion télévisée. C’est là que se situe la première fracture.
- Football Masculin : Les droits TV de la Ligue des Champions masculine, de la Liga espagnole, de la Premier League anglaise ou de la Ligue 1 se négocient en milliards d’euros. Ces sommes colossales irriguent les clubs, qui peuvent alors offrir des salaires astronomiques pour attirer les meilleurs joueurs.
- Football Féminin : Les droits TV du football féminin sont en pleine croissance, mais ils partent de très loin. La D1 Arkema en France ou la Women’s Champions League se négocient en millions d’euros. L’échelle n’est tout simplement pas la même. Des médias spécialisés comme Sportico analysent régulièrement ces marchés.
2. Le Sponsoring et le Merchandising : La Force de Frappe Commerciale
Un joueur comme Kylian Mbappé est une marque mondiale. Son nom sur un maillot du Real Madrid génère des ventes par centaines de milliers à travers le globe. Les sponsors (équipementiers, marques de luxe, etc.) s’arrachent son image pour des contrats publicitaires qui se chiffrent en dizaines de millions d’euros.
Le football féminin, lui aussi, attire de plus en plus de sponsors. Wendie Renard est une ambassadrice pour plusieurs marques. Cependant, la portée mondiale et la puissance commerciale restent, pour l’instant, incomparables. L’écosystème commercial autour du football masculin est une machine globale et mature.
3. Les Revenus “Jour de Match” : L’Affluence dans les Stades

La billetterie et les revenus générés les jours de match (restauration, produits dérivés) constituent une autre source de revenus importante.
- Le Real Madrid joue ses matchs au stade Santiago Bernabéu, avec une capacité de près de 80 000 places, et joue la plupart du temps à guichets fermés.
- L’OL Féminin joue la majorité de ses matchs de championnat au Groupama OL Training Center, avec une capacité d’environ 1 500 places. Pour les grandes affiches de Ligue des Champions, l’équipe investit le Groupama Stadium, mais l’affluence moyenne reste bien inférieure à celle de l’équipe masculine.
4. L’Héritage Historique : Un Siècle d’Inégalités
C’est peut-être le point le plus fondamental. Le football professionnel masculin a eu plus d’un siècle pour construire son modèle économique, sa popularité et sa base de fans. Pendant une grande partie de ce temps, le football féminin a été, au mieux, ignoré, et au pire, interdit par certaines fédérations, comme ce fut le cas en Angleterre pendant 50 ans.
Le football féminin a dû se battre pour exister, pour obtenir le droit de jouer, puis pour accéder au statut professionnel. Cette professionnalisation est très récente. La première Ligue des Champions féminine n’a eu lieu qu’en 2001. Le football masculin partait avec cent ans d’avance. L’écart salarial actuel est aussi l’héritage de cette profonde injustice historique.
Partie 3 : Vers un Avenir Plus Juste ? Les Signes d’Espoir
Le constat est sévère, mais il ne doit pas occulter les progrès réels et les signes d’espoir pour l’avenir du football féminin. L’écart ne se comblera pas en un jour, mais la trajectoire est positive.
Une Croissance Exponentielle de la Visibilité
Le football féminin n’a jamais été aussi populaire. Les dernières Coupes du Monde et Euros féminins ont battu tous les records d’audience. Cette visibilité accrue est le moteur du changement. Elle attire :
- Plus de jeunes filles vers la pratique du football.
- Plus de spectateurs dans les stades.
- Plus de diffuseurs prêts à investir dans les droits TV.
- Plus de sponsors désireux de s’associer à un sport aux valeurs positives et en pleine expansion.
La Professionnalisation s’Accélère
Partout en Europe, les grands clubs masculins investissent massivement dans leurs sections féminines. Le Real Madrid, le FC Barcelone, le PSG, Manchester United… tous ont compris que le football féminin est un axe de développement stratégique. Cela se traduit par de meilleurs salaires, de meilleures infrastructures, et des conditions de travail qui se rapprochent de celles des hommes.
Le Combat Symbolique pour l’Égalité en Sélection
Une avancée majeure a été obtenue au niveau des équipes nationales. Plusieurs fédérations, comme celles des États-Unis, de l’Espagne, de l’Irlande ou de la Norvège, ont mis en place l’égalité des primes entre leurs sélections masculine et féminine. Si cela ne concerne pas les salaires en club, la portée symbolique de ces accords, comme celui de l’USWNT, est immense. Elle légitime le combat pour une meilleure reconnaissance économique.
Conclusion : Un Écart Édifiant, un Avenir Prometteur

La comparaison entre le salaire de Wendie Renard et celui de Kylian Mbappé est un électrochoc. Elle met en lumière l’existence de deux mondes qui opèrent sous les mêmes règles apparentes du football, mais avec des réalités économiques diamétralement opposées. Cet écart n’est pas le reflet d’une différence de talent, de travail ou de mérite, mais le symptôme d’un système historiquement et structurellement inégalitaire.
Cependant, il ne faut pas sombrer dans le pessimisme. Le football féminin connaît une croissance fulgurante. L’engagement des clubs, l’intérêt des médias et l’enthousiasme du public créent un cercle vertueux qui tire tout l’écosystème vers le haut.
Le but n’est pas nécessairement que Wendie Renard gagne autant que Kylian Mbappé demain. Le but est que les futures générations de joueuses puissent vivre de leur passion dans des conditions dignes, avec des salaires justes, au sein d’un écosystème économique autonome et florissant. La comparaison actuelle est édifiante, mais elle doit surtout nous servir de motivation pour continuer à soutenir, à regarder et à valoriser le sport féminin. Car chaque billet acheté, chaque match regardé, est une petite pierre ajoutée à l’édifice d’un avenir plus équitable.